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Sommes-nous à l'abri financièrement à la retraite ?

Franz Martina 15 février 2024 5 Min. de lecture

La prévoyance vieillesse est une nouvelle fois au cœur du débat politique : le 3 mars, le peuple suisse devra se prononcer sur deux initiatives populaires émanant de deux camps politiques opposés. Les syndicats aimeraient aider financièrement les retraités en leur versant une 13e rente AVS tandis que Jeunes libéraux-radicaux veulent réformer le système et faire travailler tous les actifs plus longtemps. Dans ce blog, nous souhaitons présenter un bref aperçu des différents piliers de la prévoyance vieillesse et nous pencher sur l’avenir du système de rentes. Nous nous intéressons tout particulièrement au deuxième pilier, autrement dit à la rente vieillesse de la caisse de pension. Nous vous expliquons la pression qui pèse sur le niveau des rentes et fournissons un aperçu des plans de prévoyance qui existent en complément du 1er et du 2e piliers. À cet effet, nous avons interrogé sept experts financiers qui font partie de la Community clevercircles à titre professionnel. Leurs réponses sont intéressantes, mais aussi critiques. Par ailleurs, Thomas Walke, de Smolio, et Fabio Canetg, journaliste, animateur et auteur de podcasts financiers, tous deux membres de la communauté clevercircles, apportent un éclairage critique passionnant sur la votation de mars.

Quels sont les trois piliers de la prévoyance vieillesse suisse ?

En Suisse, la prévoyance vieillesse repose sur un système à trois piliers. Son but est de permettre aux retraités de couvrir leurs besoins de base et de maintenir un niveau de vie approprié.

Le système des trois piliers
Le système des trois piliers

 

Le 1er pilier regroupe la prévoyance publique qui se compose de l’assurance vieillesse et survivants (AVS), de l’assurance-invalidité (AI) et des allocations pour pertes de gain (APG). Il sert à garantir la subsistance des personnes à la retraite.

La prévoyance professionnelle, assurée par des caisses de pension de droit privé ou public, forme ce que l’on appelle le 2e pilier (LPP). Combinée à la rente AVS, la rente de vieillesse du 2e pilier sert à garantir le maintien du niveau de vie à la retraite. Le montant de cette rente est calculé au moyen du taux de conversion. Il s’agit d’un pourcentage fixe au moyen duquel l’avoir de vieillesse économisé est transformé en rente de vieillesse annuelle.

Pour ce qui est du taux de conversion, on distingue le taux de conversion légal et le taux de conversion effectif.

Le taux de conversion légal ne s’applique qu’à la partie obligatoire de l’avoir de vieillesse. Cette partie se situe entre un salaire minimal de 21 510 francs et un salaire maximal de 86 040 francs. Dans cette fourchette, le taux de conversion est actuellement de 6,8 %. Entre d’autres termes, pour 100 000 francs d’avoir de vieillesse obligatoire, il résulte de ce taux de conversion une rente de 6 800 francs par an.

La plupart des assurés disposent aussi d’un avoir de vieillesse surobligatoire, car leur caisse de pension fournit des prestations qui vont au-delà des prestations obligatoires. En règle générale, les rachats volontaires dans la caisse de pension sont également considérés comme un avoir surobligatoire. Les caisses de pension peuvent elles-mêmes fixer le taux de conversion pour les avoirs surobligatoires. Généralement, il est beaucoup plus faible que le taux appliqué à la part obligatoire. Toute une série de caisses de pension ont fixé un taux de conversion si bas pour la part surobligatoire que le taux mixte, appelé le taux de conversion enveloppant, est compris entre 5 et 5,5 %.

Le 3e pilier, appelé la prévoyance vieillesse facultative, se compose de la prévoyance privée liée et de la prévoyance privée libre. Chacun est responsable de la manière dont il investit dans ce pilier et du montant qu’il y verse. Le 3e pilier gagne en importance lorsque le 1er et/ou le 2e piliers ne suffisent plus à garantir le maintien du niveau de vie, voire la subsistance.

Mais avant d’aborder plus en détail le 3e pilier, nous voulions savoir, dans notre sondage, ce que les experts disent à propos de l’avenir du système de rentes.

 

Les rentes sont-elles menacées ?

Les experts financiers interrogés ainsi que les principaux médias s’accordent pour dire que le niveau des rentes va baisser.

Voici comment les sept experts financiers évaluent l'avenir du niveau des retraites
Voici comment les sept experts financiers évaluent l'avenir du niveau des retraites
Rendite

« Alors que les retraités actuels n’ont même pas à craindre de baisse du montant de leurs rentes, ma génération pourra à peine compter sur l’AVS. » Corinne Brecher

Se pose donc la question de la nécessité de réformer le 2e pilier. Selon l’experte financière Corinne Brecher, la réforme est inéluctable. La question qui subsiste est de savoir si et dans quelle mesure ce thème intéresse par exemple la génération Z.

Mais il s’avère aussi que la majorité de la population considère l’AVS comme plus importante que la prévoyance professionnelle, raison pour laquelle le débat est relégué au second plan. Selon une étude récente de l’institut de recherche Sotomo pour le compte de Vita, seulement 44 % des Suisses savent que l’avoir de caisse de pension fait partie de la fortune personnelle. Et pourtant, l’avoir de caisse de pension constitue la majeure partie de la fortune des Suisses.

Étant donné que les experts, les médias et les politiques s’entendent pour dire que le niveau des rentes va baisser, il est impératif d’initier des mesures pour y remédier. Avant d’aborder plus en détail ces mesures, nous avons demandé à nos experts quelles sont, selon eux, les raisons de la baisse du niveau des rentes.

 

 Pourquoi les rentes vont-elles baisser ?

Le changement démographiqu
Le changement démographiqu

 

Les raisons expliquant la baisse du niveau des rentes sont variées. Une grande majorité de nos experts est d’avis qu’elle est principalement due à l’évolution démographique.

Thomas Walke, de Smolio, qui s’est spécialisé dans la prévoyance vieillesse, précise qu’il y a de moins en moins de naissances et que les baby-boomers partent désormais à la retraite. En d’autres termes, il y a un nombre croissant de bénéficiaires de rentes et de moins en moins de jeunes qui cotisent à l’AVS ou sont affiliés aux caisses de pension. Bien que dans le cadre de la caisse de pension chacun cotise pour lui-même, les taux de conversion excessifs de la partie obligatoire contraignent les caisses à abaisser les taux de conversion enveloppants afin de pouvoir satisfaire à leurs obligations intangibles en matière de versement de rentes. 

Thomas Walke ajoute que la prospérité croissante est une autre raison importante de la baisse des rentes. L’espérance de vie en Suisse, l’une des plus élevées au monde, n’a cessé d’augmenter depuis l’introduction des assurances sociales. Tout cela, sans toutefois que soient prises des mesures qui auraient conduit à une hausse des cotisations et donc, à davantage de recettes.

Rendite

« Nous avons insidieusement augmenté les prestations de retraite. D’un point de vue mathématique, le compte ne peut pas être bon s’il n’y a pas d’augmentation des recettes. » Thomas Walke, Smolio

Cependant, l’augmentation de l’espérance de vie et donc du montant des rentes versées ne sont pas les seules inconnues.

Il existe encore d’autres raisons dont il faut tenir compte dans une discussion sur l’avenir du système de rentes. Par exemple, le travail à temps partiel, notamment chez les femmes.

Corinne Brecher a l’impression que parmi la génération Z plus personne n’a envie de travailler à plein temps. Il convient donc de se demander comment les rentes vont être financées si tout le monde ne travaille plus qu’à temps partiel. En outre, il manque des infrastructures de base importantes, comme des places de garde d’enfants en nombre suffisant et abordables.

C. Brecher ajoute à ce propos : « Il y toujours un nombre très élevé de femmes jouissant d’une bonne formation qui restent à la maison et s’occupent des enfants, et uniquement parce que financièrement parlant cela n’est pas intéressant pour elles de retourner travailler. Les frais de garde d’enfants sont en effet parfois supérieurs aux salaires qu’elles perçoivent en allant travailler. »

 

Comment puis-je optimiser moi-même ma prévoyance ?

La prévoyance vieillesse privée
La prévoyance vieillesse privée

 

Nos experts sont tous d’avis que le 3e pilier va gagner en importance et que chacun doit assumer ses responsabilités et se constituer une épargne supplémentaire. La responsabilité personnelle joue donc un rôle plus important.

Corinne Brecher et Thomas Walke ont une opinion bien tranchée concernant l’avenir :

« Nous devons nous battre pour que les conditions s’améliorent, pour que vie professionnelle et vie familiale puissent être mieux conciliées.  Plus que jamais, nous devons prendre nous-mêmes les devants en matière de prévoyance, indépendamment de l’évolution démographique. »

 

 

Nous avons demandé à Thomas Walke et à Fabio Canetg, nouveau membre de la communauté clevercircles, ce qu’ils pensent de la votation du 3 mars sur la prévoyance vieillesse.

Le 3 mars, les citoyens suisses sont appelés à donner leur avis sur deux initiatives, l’initiative pour une 13e rente AVS et l’initiative sur les rentes. Nous avons demandé l’avis des deux experts en ce qui concerne ces initiatives et leur impact. 

Fabio Canetg : « L’initiative pour une 13e rente AVS entraînerait une plus grande redistribution des richesses. La gauche y est favorable. Les partis bourgeois sont opposés à ce projet car ils estiment que le prix à payer pour la jeune génération sera trop important. Pour la droite, il serait préférable d’augmenter l’âge de la retraite, ce que prévoit l’initiative sur les rentes. La gauche s’oppose à ce projet, car de fait une augmentation de l’âge de la retraite reviendrait à une baisse des rentes. »

Thomas Walke ajoute pour sa part : « La rente AVS est ajustée tous les deux ans sur la base d’un indice mixte, de l’inflation et de l’évolution des salaires. Dans les dernières décennies, cela a entraîné une nette augmentation du pouvoir d’achat réel de la rente AVS. Cet automatisme est financé par l’AVS, autrement dit par la redistribution et tous les citoyens qui contribuent à son financement en payant des impôts. Un tel automatisme n’existe pas pour la prévoyance professionnelle.

Le projet de 13e rente AVS constitue une extension des prestations qui se fait principalement à la charge de la génération active. En effet, il conduirait à une plus importante redistribution des plus jeunes aux plus âgés. D’un point de vue populiste, il est bien sûr intéressant de promouvoir une 13e rente car elle concernerait un grand groupe d’électeurs qui en profiteront sans rien avoir payé en contrepartie, ou qui ne seront concernés par les conséquences que sur une courte durée, mais qui en profiteront longtemps. Ce sont les classes d’âge qui partiront à la retraite dans 20 ou 30 ans qui en feront les frais. »

Thomas Walke poursuit : « L’espérance de vie augmente d’environ un an tous les dix ans. Par conséquent, les rentes AVS sont actuellement versées sur une durée bien plus longue qu’au moment de leur introduction. Les baby-boomers qui partent actuellement à la retraite n’ont pas eu autant d’enfants que leurs parents, et de surcroît ils vivent plus longtemps. Ils n’ont pas cotisé suffisamment pour garantir la stabilité du système de retraites. La plupart des retraités reçoivent par conséquent plus que ce qu’ils ont versé. C’est bien sûr avantageux pour eux. Mais à long terme, cela ne peut pas fonctionner. Les baby-boomers et les retraités qui prétendent « avoir mérité de bénéficier d’une meilleure rente » ont tendance à l’oublier. L’augmentation de l’âge de la retraite telle que la propose l’initiative sur les rentes a par conséquent plus de sens. Mais c’est moins « sexy ». Beaucoup pourraient se poser la question : pourquoi devrais-je me faire du mal alors que je peux me faire du bien ? »

Pour Fabio Canetg, les intentions de vote en faveur de l’initiative 13e rente s’explique de la manière suivante : « Si le PS a gagné les élections de 2023, c’est en partie parce qu’il a mis en avant la baisse du pouvoir d’achat. Et c’est un fait : les gens ont moins d’argent qu’il y a quelques années. Cela pourrait expliquer pourquoi les Suisses sont si favorables à la 13e rente AVS d’après les sondages. »

 

 

clevercircles – un outil efficace pour faire fructifier systématiquement la fortune libre

Comme nous l’avons déjà vu, le 3e pilier englobe la fortune liée et la fortune libre. La fortune liée, ou pilier 3a, ne s’adresse qu’aux personnes exerçant une activité lucrative et dont le revenu est soumis à l’AVS, et bénéficie d’un traitement fiscal privilégié. Cette fortune est liée, ce qui signifie qu’elle ne peut être perçue de manière anticipée (c.-à-d. avant l’âge de la retraite) que dans quelques rares cas prévus par la loi.

La fortune libre, ou pilier 3b, est constituée d’épargne privée telle que les fonds, les comptes d’épargne ou les logements en propriété. Cette part de la fortune ne bénéficie pas d’avantages fiscaux publics. En contrepartie, il peut en être fait librement usage et elle n’est pas soumise à des obligations fixées par l’État.

Les placements dans la fortune liée et dans la fortune libre sont par conséquent recommandés.

clevercircles offre la possibilité de faire fructifier la fortune libre de manière systématique. Avec un investissement initial dès CHF 5 000 et la possibilité de mettre en place un plan d’épargne flexible, clevercircles est une solution de choix pour la prévoyance libre. Il est possible d’ajuster le montant et de stopper les versements à tout moment. Il n’y a aucune durée minimale et l’argent est toujours disponible.

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