Que faire quand les marchés sont en baisse ? Acheter, comme le passé l'a prouvé
Les principaux indices d’actions suisses ont perdu nettement plus de 10 % depuis le début de l’année. Les actions européennes et américaines ont même chuté de plus de 20 %. Les conséquences connues et celles redoutées de la guerre en Ukraine ainsi que l’inflation persistante menacent l’économie mondiale et la reprise post-pandémie tant attendue. Différents observateurs s’attendent à une tendance baissière durable sur les marchés. On parle aussi de « bear markets ».
Combattre l’inflation tout en soutenant la conjoncture constitue un défi de taille pour les banques centrales et va de pair avec des risques importants ; tous les avis sont unanimes à ce sujet. Reste à savoir combien de temps dureront les marchés baissiers. Du point de vue des investisseurs, cette question n’est pas toutefois si importante, comme nous le verrons plus bas, car les incertitudes sont déjà « intégrées » dans les cours en baisse.
Mais alors, que faire lorsqu’on en arrivera là ? En lisant ce blog, vous apprendrez comment les craintes et la panique conduisent à de mauvaises décisions et quelle leçon nous pouvons tirer du passé. Des recommandations claires en découlent et elles sont à vrai dire très simples. Pour autant qu’on ne se laisse pas guider par ses émotions …
Erreurs typiques des investisseurs. Nous avons toujours tendance à commettre les mêmes erreurs en matière de placement. Le graphique 1 présente un exemple typique de comportement. Les exemples cités vous sont peut-être familiers ? Dans une phase baissière des cours, bien des investisseurs privés tombent dans le piège consistant à vendre au moment le moins favorable. C’est pour ainsi dire la pire chose que l’on puisse faire. Personne ne sait combien de temps durera un marché baissier et jusqu’où il ira. Mais chaque correction de cours est suivie d’une reprise ! L’investisseur qui vend avant cette reprise réalise des pertes comptables et manque à coup sûr l’occasion de profiter ensuite de la hausse des cours.
Depuis 1926, le marché suisse des actions a connu cinq phases de baisse massive (années avec baisse des cours de plus de 20 %), dont deux au cours de deux années consécutives. En nous basant sur l’exemple de notre marché suisse, nous allons vous démontrer qu’au plus tard 5 ou 6 ans après une phase baissière même importante, il est possible d’atteindre une rentabilité globale positive et tout à fait correcte. Qui plus est, ceux qui ont profité de ces marchés si baissiers pour investir encore davantage ont pu augmenter fortement la performance de leur portefeuille.
Un coup d’œil dans l’histoire des actions suisses
Performance élevée des actions. Celui qui a investi en 1926 (début des séries de données*) sur le marché suisse des actions, a jusqu’à aujourd’hui fait fructifier son argent avec un rendement annuel de 7,87 % en moyenne. Dans les 30 et 40 dernières années, le rendement annuel a même été encore plus élevé, atteignant respectivement 8,52 % et 9,04 %.
Peu de marchés baissiers. Sur les 94 années qui se sont écoulées depuis 1926, 28 – donc un peu moins d’un tiers - se sont achevées sur une performance négative des actions. Seulement sept années ont terminé avec une performance inférieure à - 20 %. Ce sont ces années que l’on nomme « fortes phases baissières », ou « bear markets ». De telles phases ne sont pas apparues isolément, mais ont toujours fait partie d’une crise globale (cf. graphique 2). En 2020, première année de la pandémie de coronavirus, les cours ont aussi chuté de plus de 20 % ; mais comme ils se sont redressés avant la fin de la même année, 2020 n’apparaît pas comme une année de marché baissier dans le graphique ci-dessous.
Six ans plus tard, toujours une performance positive. Même après plusieurs années de phases « bear » comme pendant la crise pétrolière des années 70 ou après l’éclatement de la bulle technologique au début de ce siècle, la performance des actions est redevenue positive cinq ans plus tard. Comme le montre le graphique 3, cette performance positive a été parfois tout juste supérieure à zéro comme après la crise pétrolière (1973 – 1979) ou a atteint un pic à 85 % après le Black Monday (1987 -1993). Un investisseur passif avec des actions suisses a réalisé en moyenne un rendement annuel de 3,73 % sur une période de 7 ans à partir de la première année « bear » (cf. graphique 4).
Celui qui investit après les corrections boursières profite d’un rendement (beaucoup) plus élevé ! Dans le graphique 3, nous montrons comment aurait évolué la performance d’un dépôt avec des actions suisses si l’investisseur avait profité des années « bear » pour effectuer des placements supplémentaires. En jaune est indiquée la performance en supposant qu’à la fin de chaque année « bear » un investissement subséquent ait été effectué à hauteur de 10 % du placement initial. La barre rouge montre l’évolution si la moitié de l’investissement avait été réinvestie.
Exemple : si début 2011 (donc avant le krach), vous aviez investi un montant de CHF 100 000 en actions suisses, sept ans plus tard la valeur de votre dépôt aurait été de CHF 123 207, et ce malgré la forte correction boursière des années 2001 et 2002. Si vous aviez profité des deux années « bear » pour effectuer à chaque fois un investissement supplémentaire à hauteur de 50 % du montant initial du placement (donc CHF 50 000 chaque année), la valeur du dépôt fin 2007 aurait été de CHF 308 914. Cela correspond à une performance de presque 34 %, donc nettement supérieure à celle réalisée sans investissement subséquent.
La phase baissière éclair de 2020. La première année de la pandémie a été exceptionnelle tant sur le plan de la vitesse des baisses de cours que sur le plan de l’ampleur de ces baisses. Le krach boursier proprement dit a eu lieu de la mi-février à la mi-mars 2020. Durant ce court laps de temps, l’indice boursier suisse SPI a perdu environ un quart de sa valeur, tandis que le marché américain reculait de près d’un tiers. Il s’en est suivi un redressement du cours des actions tout aussi exceptionnel dans sa rapidité. Le SPI a finalement clôturé l’année sur une hausse de près de 4 %, l’indice américain S&P 500 a même enregistré une augmentation de 20 % malgré le krach. Les effets décrits dans le présent article sont également valables pour de telles phases baissières éclairs. Les investisseurs qui ont profité des cours intéressants après le krach de 2020 pour faire de nouveaux investissements ont pu augmenter nettement la performance de leur portefeuille.
Conclusion : restez cool et investissez
Des corrections de cours, même fortes, font partie des affaires. Pour un investisseur à long terme, les marchés « bear » sont un moment idéal pour investir. Cela n’a pas de sens de rechercher le timing parfait. Vous ne le trouverez pas, mais vous laisserez probablement passer la phase propice pour investir ou effectuer des placements subséquents. Les actions suisses sont actuellement 10 % moins chères, les actions européennes et américaines environ 20 % moins chères. C’est une réalité.
Voici nos conseils pour les investisseurs axés sur le long terme et qui souhaitent, avec discipline et patience, parvenir à une bonne performance.
- Investissez maintenant.
- Investissez régulièrement. Aussi et surtout pendant les phases baissières et après des krachs, car les cours sont alors plus avantageux.
- Investissez avec un plan d’épargne. Ouvrez un dépôt et donnez à votre banque principale un ordre de virement permanent (au min. CHF 100 par mois). Vous gardez toute flexibilité et pouvez à tout moment modifier ou annuler l’ordre permanent. Si vous avez déjà un plan d’épargne, augmentez le montant du versement mensuel durant les phases baissières.
Source : étude de Pictet & Cie : « La performance des actions et obligations en Suisse ». Cet article de blog a été publié pour la première fois il y a deux ans, après le krach boursier dû au coronavirus. Dans la présente version, le texte en a été légèrement modifié, mais les séries de données sont inchangées et ont été compilées en mars 2020.
*Depuis 1992, le Swiss Performance Index tenant compte des dividendes (SPI) est utilisé. Auparavant, d’autres séries de données ou indices étaient en usage. Tous les chiffres de performance sont nominaux et en francs suisses.
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