Entre records et stagnation : le point sur le franc, les taux d’intérêt et les dividendes
Dans l'entretien suivant, notre Chief Investment Officer Luca Carrozzo explique les raisons de la faible performance de la Bourse suisse et discute du rôle du franc fort. Il s'interroge également sur la nécessité d'une baisse des taux d'intérêt de la Banque nationale suisse (BNS) pour stimuler les marchés boursiers. Découvrez pourquoi les titres suisses sont actuellement évités et ce que cela signifie pour les investisseurs.
Nous avons constaté que de nouveaux records ont récemment été battus pour les indices du monde entier (DAX, CAC 40, DJIA, S&P500, etc.), à l’exception du FTSE 100. Seule la Bourse suisse reste bien loin de ses sommets.
La Bourse suisse cote effectivement environ 10 % en dessous de son plus haut historique de fin 2021. Jusqu’à cette date, les actions suisses faisaient bonne figure en comparaison internationale. L’évolution décevante qui a suivi s’explique d’une part par la force du franc suisse, qui s’est apprécié de 8 % par rapport à l’USD et de 10 % par rapport à l’EUR sur la période 2022 - 2023, et d’autre part par la faible performance des poids lourds de l’indice que sont Roche et Nestlé.
Pourquoi une telle aversion pour les titres suisses ?
La vigueur du franc a entraîné une stagnation des résultats des entreprises suisses au cours des deux dernières années, alors que les bénéfices des autres régions ont connu une croissance à deux chiffres. L’évolution inférieure à la moyenne du marché suisse des actions s’explique par conséquent par des raisons fondamentales.
Le franc suisse est-il trop fort et fait-il fuir les investisseurs ?
Sur le long terme, le franc s’apprécie d’environ 2,5 % par an par rapport à l’USD et à l’EUR. Depuis 2022, l’appréciation a toutefois été presque deux fois plus importante. Cela a entraîné une stagnation des bénéfices des entreprises en Suisse. Si les investisseurs évitent actuellement les actions suisses, c’est en raison de la forte pondération des secteurs défensifs. Les investisseurs se concentrent sur les entreprises cycliques et le secteur technologique, et se détournent des géants pharmaceutiques et des producteurs de denrées alimentaires.
Les actions suisses ont pourtant de nombreux avantages, parmi lesquels une solide politique de dividendes.
Les dividendes versés par les entreprises suisses sont en constante augmentation depuis des années. Le rendement des dividendes du marché suisse des actions s’élève actuellement à plus de 3 %, ce qui est extrêmement attractif par rapport au rendement des obligations de la Confédération à 10 ans, qui est de 0,88 %.
La politique monétaire de la BNS en Suisse décourage-t-elle les investisseurs ?
Je pense que c’est plutôt le contraire. Grâce à la politique monétaire de la BNS, l’inflation en Suisse est très faible en comparaison internationale. En janvier, une hausse des prix à la consommation de 1,3 % a été publiée, ce qui se situe nettement dans la marge de fluctuation de la BNS. Cela pourrait conduire la BNS à abaisser prochainement son taux directeur.
Une baisse des taux d’intérêt est-elle nécessaire pour faire remonter la Bourse suisse ?
Une baisse des taux d’intérêt aiderait certainement, surtout si la BNS jouait ici un rôle de pionnier. La perspective de baisses des taux dans un futur proche en Suisse a déjà entraîné une légère dépréciation du franc suisse par rapport à l’USD et à l’EUR depuis le début de l’année. Une baisse des taux d’intérêt et un franc légèrement moins fort conduiront cette année à une surperformance des actions suisses.
Les marchés boursiers ont-ils fini de battre des records ? Wall Street a vu ses espoirs de baisse des taux d’intérêt douchés la semaine dernière, lorsque les chiffres de l’inflation ont été présentés.
Selon nous, de nouveaux records vont encore être enregistrés sur les marchés boursiers. Presque à chaque nouvelle publication de données sur l’inflation ou le marché du travail, les investisseurs anticipent les premières baisses de taux. Le fait est cependant que la politique monétaire est beaucoup trop restrictive dans le contexte de la faible évolution économique. Des taux directeurs « neutres », c’est-à-dire des taux à un niveau qui ne freine pas mais ne stimule pas non plus la croissance économique, devraient se situer plutôt à 2 % aux États-Unis (actuellement 5,5 %), 1,5 % en Europe (actuellement 4 %) et 1 % en Suisse (actuellement 1,75 %). Plus les banques centrales attendront avant de procéder aux premières baisses de taux, plus celles-ci seront importantes.
Cette interview a été publiée le 20 février sous la forme d'un article de blog sur le site de la banque CIC >
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