Quelle allocation d’actifs pour 2022 ? Des professionnels fournissent des réponses claires.
Quatre professionnels partenaires de clevercircles nous disent quelle allocation d’actifs ils envisagent pour 2022.
Après cette deuxième année consécutive marquée par d’importantes turbulences, nous étions d’autant plus impatients de connaître les avis de nos professionnels concernant l’allocation d’actifs en 2022. Il se dégage de leurs réponses un tableau intéressant sur lequel vous pouvez vous appuyer pour prendre vos décisions. Dans certains domaines, les avis se rejoignent, dans d’autres, ils divergent nettement.
Remarque : les déclarations ci-dessous se rapportent à un portefeuille « Balanced » (équilibré) avec profil risque/rendement moyen. Tous les professionnels interrogés sont des participants actifs au sein de la communauté clevercircles que vous pouvez inviter dans votre propre Circle : Corinne Brecher (www.corinnebrecher.ch), Martin Bürki (www.marmot-invest.com), Christian Freihofer (www.prospera-invest.ch), et Sandro Rosa (www.themarket.ch).
Actions
Les portefeuilles de référence des professionnels interrogés affichent une quote-part d’actions moyenne d’environ 55 %, soit 5 % de moins que l’an passé. Aucune préférence nette ne se dessine en termes de pays. Il est intéressant de constater que, chez trois des professionnels partenaires, les pays émergents ont la pondération la plus importante.
Corinne Brecher le justifie comme suit : en 2021, en raison du Covid-19, de nombreuses actions des pays émergents ont enregistré des baisses de performance. Des opportunités pourraient se présenter si ces pays parviennent à maîtriser la pandémie. C’est aussi la raison pour laquelle Corinne Brecher réduit sa pondération pour la Suisse et l’Europe, car les actions de la zone Euro ont tendance à être davantage axées sur les secteurs cycliques.
Martin Bürki livre une piste de réflexion : « Les banques centrales réduisent le soutien monétaire qu’elles apportent aux marchés, certes, mais la masse monétaire continue de croître. Tant que les banques centrales ne mettront pas un terme à leur politique expansionniste, les marchés des actions devraient continuer de grimper. Mais cela pourrait devenir critique à partir d'avril. »
Christian Freihofer s’attend lui aussi à ce que la croissance économique soit moins importante qu’en 2021. Parallèlement, un resserrement de la politique monétaire se profile. Ces deux facteurs devraient se traduire par une augmentation de la volatilité et les rendements de l’an dernier, qui dans certains cas dépassaient nettement les 15 %, seront par conséquent plus difficiles à atteindre, d’après C. Freihofer.
Pour Sandro Rosa aussi, les actions demeurent la classe d’actifs privilégiée, bien que les valorisations ne soient plus entièrement convaincantes. S. Rosa précise que « les actions des États-Unis, en particulier, se négocient à un très haut niveau, ce pourquoi nous pondérons à 10 % seulement le plus grand marché mondial. Nous pensons que les bourses des pays d’Europe, du Japon et des pays émergents présentent un meilleur potentiel. » Comme tous les professionnels interrogés, S. Rosa estime que les actions des pays émergents recèlent des opportunités en raison du pessimisme marqué en ce qui concerne ces pays.
Obligations
Avec une pondération pouvant atteindre 20 %, les obligations restent toujours un élément à part entière de l’allocation d’actifs équilibrée pour trois des professionnels partenaires. Mais l’ambiance est au scepticisme.
Christian Freihofer considère que les obligations à court terme ne sont pas intéressantes en raison du relèvement probable des taux d’intérêt par les banques centrales. Néanmoins, il justifie sa pondération à 20 % par la protection que confèrent les obligations à plus long terme en cas de ralentissement économique.
Sandro Rosa, quant à lui, renonce entièrement aux obligations au sein de son portefeuille, en raison des taux d’intérêt extrêmement bas à l’heure actuelle, de l’inflation persistante et de la dette qui explose. S. Rosa ajoute que « en Suisse, l’ensemble de la courbe des taux d’intérêt évolue dans le domaine négatif – sans compter qu’il faut encore en déduire le renchérissement. Il en résulte une perte de valeur réelle garantie. »
Corinne Brecher ne voit elle non plus aucune raison à long terme de pondérer davantage les obligations tant que les acteurs du marché et les banques centrales ne mettront pas au diapason leurs attentes en matière d’inflation et de taux d’intérêt. Elle est optimiste et pense que les banques centrales trouveront un moyen de résoudre le problème de la pression sur les prix et d’éviter les mouvements de panique sur les marchés et parmi les décideurs politiques. « Jusque-là, la volatilité restera élevée et les rendements faibles », résume-t-elle.
Martin Bürki conseille par ailleurs d’éviter les risques de change dans le domaine des obligations. « Si l’on a fait de mauvais choix, il faut 4-5 ans pour redresser la barre avec la faiblesse actuelle des taux ».
Immobilier
Pour l’an prochain, l’immobilier est nettement sous-pondéré par rapport aux autres classes d’actifs. Cependant, l’immobilier suisse est représenté dans le portefeuille de trois des professionnels, avec une part de 5 %.
Martin Bürki en explique les raisons : « L’immobilier protège dans une certaine mesure contre l’inflation. Tant que les taux seront aussi bas, la course à l’immobilier se poursuivra. » Il ajoute toutefois que l’ETF investit dans des fonds de placement moyennant un agio très élevé de quelque 30 %, raison pour laquelle il convient d’éviter une pondération trop importante.
Corinne Brecher estime que la situation du secteur immobilier est difficile à évaluer. Elle prévoit par conséquent de pondérer tous les pays et régions de manière équitable. Selon elle, les problèmes sont évidents : « Avec la hausse des coûts de construction et la rareté des ressources disponibles, ce secteur rencontrera des difficultés à long terme même si la pandémie devait se terminer rapidement. »
Sandro Rosa est plus catégorique à ce sujet : « Les prix de l’immobilier n’en finissent pas d’augmenter, aucun revirement de tendance n’est en vue. Certaines évaluations sont néanmoins complexes, ce pourquoi nous optons pour une pondération relativement faible de l’immobilier, à 5 %.
Christian Freihofer tient des propos très instructifs à ce sujet : « L’immobilier devrait connaître une évolution semblable à celle des marchés des actions. » La nouvelle année pourrait donc bien devenir plus mouvementée que 2021.
Matières premières
Depuis quelques années, les matières premières constituent de plus en plus un élément stabilisateur des portefeuilles des experts. Nos experts investissent en moyenne près de 20 % de leur capital dans cette classe d’actifs en se concentrant principalement sur l’or, qui a pour réputation d’être à l’épreuve des crises.
Explications de Sandro Rosa : « Lorsque les bourses s’effondrent, le cours de l’or augmente généralement – cela s’est régulièrement confirmé au cours des dernières années. De plus, contrairement à quasi tous les autres actifs, il n’y a aucun risque de contrepartie avec l’or. » Rosa est également confiant en ce qui concerne le pétrole. Il table sur un prochain redressement du cours du pétrole après une importante correction en raison de l’apparition du nouveau variant Omicron. « Malgré le Covid, la demande de pétrole augmente à l’échelle mondiale, tandis que les investissements dans la prospection ont été réduits les années passées. Du fait de la pression en matière de développement durable, il semble peu probable que les capacités augmentent. Cela maintiendra le cours du pétrole à un niveau élevé », ajoute S. Rosa.
Christian Freihofer est d’avis que les matières premières (or exclus) étaient certes la meilleure classe d’actifs en 2021, mais que la situation pourrait être différente en 2022. Ses arguments : des taux d’intérêt stables ou en baisse sur le long terme et des taux d’inflation en recul. « Les chances sont en revanche meilleures avec l’or, qui pourrait tirer profit sur le long terme de taux d’intérêt qui cessent d’augmenter et de l’incertitude grandissante sur le plan économique », ajoute C. Freihofer pour expliquer sa concentration sur l’or.
Malgré la forte volatilité des marchés des matières premières, Corinne Brecher est persuadée qu’une pondération élevée apporte un bon équilibre à long terme pour le portefeuille. Elle aussi surpondère l’or, car il confère une certaine protection pour le portefeuille et contribue à une bonne diversification en périodes d’incertitude. Même si l’on peut supposer que le cours de l’or ne fera pas de véritables bonds en 2022, l’or permettra de compenser les revers des marchés des actions.
Martin Bürki est lui aussi d’accord sur le fait que l’or fait office de couverture et ajoute : « L’or et les matières premières offrent une bonne protection contre l’inflation. Nous tablons sur des problèmes persistants au niveau des chaînes d’approvisionnement internationales et sur des salaires en hausse, notamment aux États-Unis. Si le Covid fait encore des siennes, l’or constituera une couverture supplémentaire dans le portefeuille. »
Cash
Par rapport à l’an dernier, la part de liquidités dans le portefeuille des professionnels est passé de 7 à 13 %. À cet égard, nos experts optent pour des pondérations diverses de leur part de liquidités. Avoir une part importante de cash dans son portefeuille signifie que l'on garde une partie de sa poudre au sec. Cette "réserve" peut ensuite être utilisée en cours d'année pour acheter à bon compte lorsqu'une classe d'actifs subit une forte correction par exemple.
Contrôlez votre propre allocation d’actifs. Sur clevercircles, vous pouvez modifier la répartition de vos actifs à long terme sous STRATÉGIE. Chaque restructuration ou chaque rééquilibrage que vous demanderez ensuite sera calculé(e) en fonction de votre nouvelle stratégie. Participez également au vote actuel sur les attentes du marché, qui a débuté le 22.12.21 et se poursuit jusqu'à vendredi.
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